La ville mécanique est en réalité la ville idéale à l'envers. C'est un voyage par images dans les absurdités du monde occidental, un monde anxieux marqué par l'incertitude d'un futur imprévisible.

Aujourd'hui il y a peu de sens à s'entêter avec des étiquettes de type à l'avant-garde ou à la modernité. Ce qui semble nouveau c'est presue toujours en réalité déjà vieux, et dans le vieux il y a encore très souvent de la nouveauté à découvrir. Le travail de Gastaldo est donc intentionnellement non-innovateur. Cependant il est très actuel aux contenus, le résultat d'une recherche sincère et profonde, un cocktail expressif savamment assemblé qui sait bien décrire par des photogrammes et des fragments le monde hallucinant où nous nous retrouvons à vivre.

Le trait commun de ses oeuvres - dans la plupart à encre de Chine et aux couleurs à l'eau sur papier - c'est une nature qui se venge des experts comptables, des employés de banque et des collegues mêmes: les auteurs de la ville dans des espaces Orwelliens..

Dans les 100 oeuvres pour cette exposition sur Internet résonne l'esprit de quelques grands auteurs du passé. Gênes, cantine d'entreprise, elle fait penser aux Cuisiniers Dangereux de James Ensor de 1986. Beaucoup de personnages rappellent le langage d' Otto Dix ou de George Grosz (1893-1959) dans le prétendu vérisme social (où del éléments de la réalité deviennent des représentations allégoriques qui décrivent des étapes du chemin de l'humanité). Des références peuvent être cherchées même dans la série des Paysages urbains de Sironi (1885-1961) où de blêmes quartiers populaires, de sombres gazomètres, de cheminées montrent comment la nature sort transformée par la civilisation des machines. L'expert comptable volant, Milan, emportés par un insolite vent de novembre; Gênes Cornigliano, voler à l'ouest, ils rappellent le Chagall des personnages qui volent.

Les 100 oeuvres de cette exposition sont placées en ordre chronologique et reparcourent le chemin de l'artiste de 1980 jusqu'aujourd'hui. Vous voyez des oeuvres achevées succédées à des moments d'étude utiles à saisir les passages de la recherche stylistique et formelle de Gastaldo. L'art pictural aujourd'hui, sans Internet, est à considérer comme une faillite communicative, comparée aux vecteurs de communication comme le cinéma et la télévision, mais Internet a ouvert de nouveaux décors, en joignant celui qui produit et celui qui jouit de l'art en cassant le monopole des grands directeurs d'une galerie d'art.

Herbert von Grünigen, 1997