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LES CROISADES :
FRACTURE ENTRE L’ORIENT ET L’OCCIDENT ?
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B. L'Orient à la veille des croisades
            Vers l'an mil, le Moyen-Orient islamique ne connaît pas de vérita­ble unité.  Cette civilisation naît d'un vaste mouvement d'expansion provenant de l'Arabie.  L'unité de l'islam n'est pas vraiment naturelle.  Elle résulte essentiellement d'une volonté politique et stratégique, difficile à obtenir et à maintenir, surtout à ce moment de l'histoire. Les califes[1] qui succèdent au Prophète se font la guerre.  Depuis la grande époque de la dynastie abbasside (XIe siècle) aucun calife ne parvient à asseoir réellement son pouvoir.  L'Islam se divise en deux.  Les sunnites[2], majoritaires, sont les héritiers des Abbassides. Quand à la dynastie fatimide, elle instaure un califat rival au Caire appuyé par les chiites[3]
             La zone d'influence de l'Islam est énorme et les territoires conquis lors de l'expansion musulmane représentent une surface nettement supérieure à la taille moyenne d'un royaume en Occident.  Toutes ces terres ne sont pas habitées et parfois même demeurent désertiques, mais on trouve également des villes magnifiques et très peuplées.  L'unité de ce vaste empire s'acquerra peu à peu grâce à deux facteurs : la religion et la langue.  Au XIIe siècle, la religion musulmane est présente en Afrique du Nord, en Espagne (jusqu'au Sud de Barcelone) et s'étend jusqu'au Pendjab.  On retrouve également son influence jusqu'en Mongolie. 
   Une culturelle et intellectuelle particulièrement active anime la civilisation musulmane.  De nombreuses universités s'érigent dans les principales villes musulmanes.  Les Arabes ainsi que les Perses comptent de grands scientifiques et d'ingénieux savants qui font progres­ser les mathématiques, la médecine et la géographie.
            En 1040, les Turcs seldjoukides déferlent sur le Moyen-Orient. Sunnites récemment convertis, ils s'emparent de la Perse orientale et de l'Afghanistan. Cet empire atteint son apogée en 1070 lorsque le sultan Alp Arslan écrase l'armée byzantine au cours de la bataille de Mantzikert.   
   Quelques années plus tard, la menace qui vient de l'Occident ne parvient pas à unir cet immense empire déchiré par des luttes intestines.  La discorde qui règne au sein du monde musulman facilitera l'entrée des chrétiens en Orient.  Les croisades vont néanmoins constituer le prétexte d'une unification du monde musulman.  Au début, les Francs sont considérés comme des ennemis que l'Islam a l'habitude de combattre.  Plus tard, Nûr al-Dîn et Saladin comprennent que ces expéditions venues de l'Occident n'ont pas pour seul mobile une prétention territoriale, mais qu'il s'agit bien d'une guerre de religion.  C'est à partir de là qu'ils vont réveiller les sentiments d'unité de l'Islam et proclamer le djihad visant à unifier le monde musulman.  Espoir encore vivace de nos jours au sein du monde arabe.
C. L'appel du pape Urbain II au concile de       Clermont
Pour les chrétiens de l'époque, le pèlerinage à Jérusalem vaut rémission des péchés.  Lieu de la naissance et de la mort de Jésus, la Terre sainte occupe une place particulière dans l'esprit de ces fervents pèlerins.  Dans la mentalité de l'époque, à la fin des temps, la Jérusalem céleste descendra dans la Jérusalem terrestre.  Lors du Jugement dernier, mourir à Jérusalem permettra au chrétien d'être près de Dieu.  En 1064 déjà, l'évêque de Bamberg, Günther, accompagné de douze mille personnes se rend à Jérusalem.  Cependant, la conquête des Turcs interrompra les pèlerinages en Terre sainte.  A l'origine, le terme "pèlerin" signifie "voyageur" ou "étranger".  La conception des chrétiens les plus fervents est que la vie sur terre constitue un pèlerinage.  Les chrétiens sont des voyageurs exilés de leur véritable demeure : le Ciel.  On trouve dès le IIe siècle des pieux voyageurs qui entreprennent le long voyage jusqu'au tombeau du Christ.
              C'est le 27 novembre 1095 que le pape Urbain II demande aux chrétiens de se mobiliser  pour combattre d'Infidèle.  A Byzance, la chrétienté est menacée et l'empereur Alexis Ier Comnène lance un appel en direction de l'Occident.  Le pape n'éprouve aucun mal à convaincre la foule du péril encouru par la chrétienté depuis l'invasion des Turcs en Asie Mineure.  Il affirme que les églises sont pillées, brûlées et que les fidèles du Christ sont massacrés.
             L'idée d'une guerre juste avait été énoncée par un des Pères de l'Eglise, Saint Augustin.  S'il s'agit de combattre l'Infidèle et de restaurer les terres appartenant aux chrétiens, la guerre est acceptable. Dans ce contexte, les participants de la croisades n'éprouveront aucune mauvaise conscience puisqu'ils récupéreront la Terre sainte, héritage que leur a laissé le Christ.  Pour ces pèlerins, il ne fait aucun doute que de réelles motivations religieuses les poussent à partir.  Les participants de ce grand pèlerinage cousent une croix sur leurs habits.  Ils porteront le nom de croisés.
            Que signifie exactement ce terme?  En réalité, le mot sera ignoré jusqu'en 1250.  Les participants de cette grande expédition sont appelés "soldats du Christ".  En latin médiéval, ce sont les crucesignati.  Les croisades sont désignées comme le "voyage du Saint-Sépulcre" ou "le voyage de Jérusalem".  On peut considérer les croisades comme des guerres saintes visant à reconquérir des terres chrétiennes ou à protéger l'Eglise.  Les musulmans ne sont pas les seuls ennemis de la chrétienté.  Les Mongols, les païens, les hérétiques[4], tous doivent être combattus au nom de Dieu.  Le Christ encouragerait ces guerres par l'intermédiaire du pape.
            Des motivations politiques poussent le pape à rassembler tous ces chrétiens et à les envoyer combattre l'Infidèle.  Urbain II voit l'occasion de rétablir l'unité entre la chrétienté d'Orient et d'Occident séparées depuis le schisme en 1054.  Byzance en péril, le pape, en envoyant du secours, peut réunir les deux empires sous son égide.  En mars 1095, l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène envoie des ambassadeurs auprès du pape.  Il lui demande de l'aider à repousser les redoutables cavaliers turcs seldjoukides. Urbain II  prend l'initiative de cette croisade en passant au-delà de l'avis du roi et s'adresse directement aux fidèles.  Il assure la protection de leurs biens en leur absence et la suspension des actions intentées en justice contre eux. Certains seigneurs endettés trouvent la solution pour échapper à leur suzerain.  De plus, beaucoup des cadets de famille, sans l'espoir d'un grand avenir, voient dans cette expédition la possibilité de faire fortune dans ce riche et lointain Orient.  Cependant, il est nécessaire de rappeler que la conviction profonde de la plupart de ces hommes est d'aller déli­vrer le Saint-Sépulcre.
 D. La première croisade ( 1096-1099)
            Beaucoup de chevaliers répondent à l'appel du pape : Raymond de Saint-Gilles,  Godefroi de Bouillon, Hugues de Vermandois, Bohémond de Tarente et son neveu Tancrède.  Ces chevaliers, à la tête de quatre armées, ne dépendent pas d'un royaume.  Les plus riches et les plus puis­sants de ces hommes rêvent d'obtenir une principauté en Orient et de faire fortune.
             Cependant, une foule de pauvres gens aussi participent à la croisade. Désargentés, certains vendent les biens qui leur reste pour partir. Beaucoup prennent la route pour sauver leur âme ou effacer les crimes qu'ils ont commis. Sans beaucoup d'espoir, ces chrétiens ne comptent que sur la miséricorde de Dieu pour achever leur existence dans la dignité.  A l'époque, les tourments de l'enfer suffisaient à terroriser ces croyants qui abandonnaient tout afin de se racheter.
             La première vague part de croisés part au mois d'août 1096, emportant avec eux femmes et enfants.  Ces hordes de pauvres gens emportent des troupeaux entiers de porcs, de vaches et de moutons.  Des chariots remplis de provisions d'orge et de blé ferment le convoi. A leur tête, un prédicateur ardent, Pierre l'Ermite.  Environ quinze mille personnes quittent la France avec lui. Venus du Berri, d'Orléans, de Champagne et de Lorraine, tous décident de le suivre pour cette grande expédition.  Cette croisade populaire, qui arrive à Constantinople en août 1096, est entachée de massacres et de pillages.
             Tout au long du chemin, certains guerriers fanatiques contraignent les Juifs à se convertir ou les massacrent sans pitié. Les chrétiens les tiennent pour responsables de la crucifixion de Jésus.  Des émeutes antisémites et des massacres ont lieu en France, mais aussi en Rhénanie où la communauté juive de Mayence est décimée.  Byzance est sous le choc.  L'empereur Alexis s'empresse de faire passer les croisés sur la rive asiatique du Bosphore.
Ces derniers se dirigent vers le territoire turc et se font massacrer presque tous par des guerriers turcs qui investissent leur camp. Alexis recueille les rescapés du massacre et organise leur retour en Europe.  Mais les Francs d'Occident se méfient et le soupçonnent de trahison.  Des accrochages ont lieu entre les Francs et les Grecs de l'empereur Alexis. Celui-ci obtient quand même que les chevaliers francs lui prêtent hommage, lui jurent fidélité et s'engagent à lui rendre les terres conquises sur les Infidèles ayant appartenu à Byzance.  Les Byzantins reprendront Nicée en 1097, grâce aux Francs.

 
[1]  Dirigeants suprêmes de la communauté musulmane.  Successeurs de Mahomet.
[2]  Sunna : tradition.  S'opposent aux chiites à propos de la succession de Mahomet.
[3]  Ils reconnaissent Ali, gendre de Mahomet, comme son unique successeur.
[4] Qui croient en une religion, une doctrine qui n'est pas reconnue par l'Eglise.

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