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1. Le siège d'Antioche
Pendant sept mois, la
population résiste à l'assaut des croisés. Cette ville byzantine
compte un nombre importants de chrétiens arméniens
et jacobites.
Ville fortifiée, elle est pratiquement imprenable pour les Francs
habitués à des châteaux en bois ! La situation des croisés est
difficile, car ils doivent faire face aux armées d'Alep et de Damas
venues aider la population assiégée. De plus, la famine les oblige à
partir se ravitailler de plus en plus loin. En mai 1098, la situation
des croisés est tragique : l'atabek
de Mossoul, Kerbogha, vient délivrer Antioche. Mais avant son arrivée,
un renégat, ouvre les portes de la ville qui tombe aux mains des
Francs. Antioche devient chrétienne et Bohémond prend la tête de la
ville. Certains seigneurs se taillent des duchés et des principautés
tandis que les plus pauvres veulent continuer et aller libérer le
Saint-Sépulcre. Parmi ces petites gens se développe l'idéologie des
ébionites. Le plus grand dénuement est l'unique condition de leur
salut. On les appelle les Tafurs.
Ils inspirent la terreur aux musulmans bien qu'ils ne soient pourvus
d'aucune arme. Seule leur foi les pousse à aller de l'avant. Ils
tuent systématiquement les Orientaux qui se trouvent sur leur passage
et parfois même les mangent !
2.
La prise de Jérusalem
Les croisés atteignent les murailles de la ville en 1099. Ils
manquent bientôt d'eau et de vivres. Convaincus d'un miracle, ils
proclament un jeûne publique. Ils ne sont plus que douze mille
hommes affamés et ils décident de faire une procession autour de la
ville.
Deux jours plus tard, ils donnent l'assaut et franchissent les
murailles de Jérusalem. Et c'est le carnage ! Les Francs pillent,
brûlent et massacrent la population. Certains Juifs qui se réfugient
dans les synagogues sont brûlés vifs. Quelques dizaines de survivants
sont vendus comme esclaves et certains musulmans fuient vers Damas.
La prise de Jérusalem et le comportement brutal et sanguinaire des
Francs marquera profondément les mentalités des Orientaux.
3.
Le royaume de Jérusalem
Pour la première fois depuis longtemps (environ 450 ans),
l'endroit où le Christ est mort crucifié appartient de nouveau aux
chrétiens. Après l'horreur du siège, les croisés entreprennent de
reconstruire la ville sainte. Près de la mosquée al-Aqsa, un palais
royal est construit. A l'époque, les cartographes chrétiens la
situent au centre du monde. Elle est représentée selon une forme
circulaire et symbolise la perfection de la Jérusalem céleste.
Godefroi de Bouillon, chevalier admiré, est choisi pour prendre le
titre de roi de Jérusalem. Il refuse ce titre et lui préfère celui
"d'avoué du Saint-Sépulcre". Nombre d'historiens s'accordent à dire
que de véritables considérations religieuses l'ont poussé à refuser le
titre de roi, tandis que d'autres pensent que Godefroi s'est soumis à
la volonté du Saint-Siège. A sa mort, son frère Baudouin lui succède.
Ce dernier se fait couronner roi à Bethléem.
Mais en réalité, il n'existe pas de royaume. Beaucoup de
croisés ont repris le chemin de l'Occident et Baudouin ne dispose plus
que de quelques centaines de chevaliers. En effet, lorsque la plupart
des croisés ont accompli leur mission, ils prennent le chemin du
retour. La croisade n'est pas une entreprise de colonisation.
En Occident d'autres expéditions se préparent, mais toutes
échouent et aucune n'atteint Jérusalem. Les Francs qui sont restés en
Terre sainte doivent affronter la Syrie et l'Egypte. La flotte
italienne vient en renfort et bat la flotte égyptienne. Des pèlerins
arrivent chaque année et prennent les armes. Ils s'ajoutent aux
Francs qui demeurent à Jérusalem. Pendant trente ans, Baudouin Ier
puis Baudouin II s'efforceront d'apporter une cohérence à ce vaste
royaume de Jérusalem.
Les croisés organisent un système féodal à Jérusalem. Le
royaume de Jérusalem est organisé et divisé tel des seigneuries. Ces
régions se trouvent sous l'autorité des vassaux du roi. Le monarque
possède son propre territoire qu'il dirige selon des règles
administratives valables pour toutes les seigneuries. Les relations
entre le vassal et son suzerain est la même qu'en Occident. Tous deux
sont liés par des obligations qui sont régulées par des cours de
justice, nées en raisons des fréquentes controverses entre les deux
parties. Néanmoins, seuls les chrétiens peuvent recourir à ces cours
de justice. Eux seuls détiennent le pouvoir politique. Les comtés de
Tripoli et d'Edesse ainsi que la principauté d'Antioche s'inspirent de
l'organisation politique des musulmans.
Ce système féodal convient parfaitement aux colons car le
service militaire que doit faire le vassal augmente les effectifs
militaires. Il faut cependant constater que le nombre de chevaliers
n'est pas très élevé. On n'en compte guère plus de 2000 dans tous les
Etats latins d'Orient. Le roi se voit obligé d'octroyer des revenus
aux éléments qui assurent la défenses de ces Etats : les mercenaires.
E. La deuxième croisade (1147-1149)
D'une énorme ampleur, elle est motivée par les déboires
que connaissent les croisés à Jérusalem. En 1144, les musulmans
s'emparent du comté d'Edesse aux mains des Occidentaux depuis 1098. Le
pape Eugène III, pressentant le danger, lance un vibrant appel aux
fervents chrétiens pour qu'ils partent en Terre sainte. Pour les
convaincre, il leur promet une série d'avantages matériels et
spirituels. Cependant, l'accueil des occidentaux est tiède.
Quels sont ces avantages et ces privilèges ? Les privilèges des croisés
prendront une forme légale dès le XIIIe siècle, néanmoins
nombre de prédicateurs en parlent bien avant :
- les propriétés des croisés sont protégées durant leur absence;
- ils ont le droit à l'hospitalité de l'Eglise pendant leur pèlerinage;
- ils obtiennent un délai pour l'accomplissement de leur service féodal;
- leurs dettes sont supprimées jusqu'à leur retour;
- ils ne doivent pas payer d'impôts;
- les péchés des croisés sont automatiquement rachetés par l'indulgence
octroyée au nom de Dieu.
Le pape nomme Bernard, abbé de Clairvaux, comme principal prédicateur de
cette deuxième expédition. En 1146, le recrutement des croisés
commence. En avril 1146, le roi Louis VII prend la croix à Vézelay.
L'abbé de Clairvaux prêche devant une foule immense.
Figure intellectuelle éminente, Bernard suscite un véritable
enthousiasme parmi la foule. Il voyage pour prêcher et appeler les
occidentaux à partir en Terre sainte. Il parvient à convaincre le roi
Conrad III de Germanie de participer à la croisade. Pour cet abbé, la
croisade est une occasion pour les participants de gagner leur salut.
Les armées de Louis VII et de Conrad III arrivent à
Constantinople à l'automne 1147. Le principal objectif des croisés est
de reprendre le comté d'Edesse tombé aux mains des musulmans. Les
pèlerins allemands et français se divisent. Conrad III subit une grave
défaite en affrontant les Turcs à Dorylée. Le sort des Français n'est
guère plus enviable. Ils subissent les attaques des Turcs et l'armée
doit résister à la rigueur de l'hiver. Louis reçoit l'appui des
Templiers et parvient à atteindre la Syrie. Une fois là-bas, il renonce
à reprendre Edesse et s'en va pour Jérusalem. Ses troupes, ainsi que
celles de Conrad, le rejoignent en Palestine. Les Francs décident
d'attaquer Damas au mois de juillet. Ils subissent une humiliante
défaite. Une certaine rancoeur subsistera entre les Etats latins et
l'Occident. Le bilan de cette deuxième croisade est négatif sur bien
des points.
L'échec de la deuxième croisade obligera les croisés à
élaborer un système de défense plus performant. Les forteresses
constitueront l'élément essentiel de cette défense. Dès leur arrivée
en Orient, les Francs ont bâti des châteaux qui leur servent de
résidence, mais aussi (comme en Occident) de centre administratif et
économique.
Par la suite, l'aspect défensif et militaire de ces châteaux
sera mis en évidence. Néanmoins la force de défense de ces forteresses
réside surtout dans la valeur guerrière de leurs garnisons.
F. Les ordres militaires
Avec les croisades naît une nouvelle forme d'ordre religieux
: les moines soldats. Leur intervention et leur soutien dans les Etats
latins d'Orient deviennent vite nécessaires. Leur importance s'accroît
au fil du temps. Ils prendront souvent part aux affrontements décisifs
entre les Francs et les musulmans. On distingue trois ordres
militaires religieux : les Templiers, les Hospitaliers et les Chevaliers
Teutoniques.
1. Les templiers
Fondé
en 1119 par Hugues de Payns, l'ordre des Templiers à pour objectif
d'assurer la sécurité des pèlerins qui se rendent à Jérusalem. Comme
les moines, les Templiers observent des règles très strictes : la
chasteté, la pauvreté et l'obéissance. En revanche, ils doivent se
nourrir correctement afin d'être toujours en forme et en bonne santé.
Avec le temps, l'ordre prend de plus en plus d'importance et il gère une
fortune énorme provenant essentiellement de dons. En 1312, le pape
aboli l'ordre. Quelques années plus tard, le roi Philippe le Bel
condamne le dernier Grand Maître des Templiers, Jacques de Molay, au
bûcher.
2. Les Hospitaliers
Au XIe
siècle, des frères fondent l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem.
Raymond du Puy décide un peu plus tard d'en faire un ordre militaire.
Loin d'être pacifiés, les Etats latins d'Orient n'offrent pas des
garanties de sécurité aux pèlerins. Le rôle des Hospitaliers consistera
à défendre des forteresses occupées par les croisés. Leur ardeur au
combat et leur discipline impressionneront souvent les musulmans lors
des batailles.
Après les croisades, les Hospitaliers quittent les Etats latins
d'Orient et on les retrouve à Chypre, à Rhodes et à Malte. Ils
demeurent dans ces îles jusqu'en 1798, date de leur expulsion par
Bonaparte.
3.
Les Chevaliers Teutoniques
L'ordre
des Chevaliers Teutoniques voit le jour à Jérusalem à la fin du XIIe
siècle. Il s'inspire du modèle des Hospitaliers et des Templiers. Ils
prendront part aux combats de Saint Louis en Egypte. Après les
croisades, ils conquièrent un vaste Etat en Prusse. L'ordre sera
supprimé par Bonaparte en 1809.
L'église arménienne est fondée au IVe siècle. Eglise
monophysite.
Eglise monophysite (une seule nature divine au Christ) syrienne
fondée par Jacob Baradée.
Officier supérieur turc nommé tuteur d'un prince seldjoukide.
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