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K. LA QUATRIEME CROISADE (1202-1204)
En 1198, le pape Innocent III lance un appel pour la
quatrième croisade. Cet homme ambitieux a reçu une éducation juridique
et théologique élevée. D'une grande franchise, il est néanmoins d'une
foi sensible et profonde. Il ne prêche pas que la croisade en Orient.
Il proclame également une croisade dans les Etats baltes et une autre
dans le sud-ouest de la France contre les cathares.
Il est le pape qui prêcha le plus de croisades.
Il n'hésite pas à soumettre le clergé à l'impôt pour
financer les diverses expéditions. C'est à cette époque que les
privilèges des croisés sont définis avec plus de précision. Sa
politique pour les croisades fut bien trop ambitieuse et il finira par
perdre le contrôle de la quatrième croisade.
Les réactions face aux prédications du pape sont plutôt
décevantes. Mais lorsque l'Eglise s'impose pour financer les
expéditions, plusieurs participants se réunissent autour de plusieurs
seigneurs de l'Ile-de-France et de Champagne. L'objectif de cette
quatrième croisade est d'atteindre l'Egypte. Ce pays est le centre du
pouvoir musulman au Moyen-Orient. A l'époque, des tensions agitent
Byzance. Une querelle oppose deux frères : Isaac Ange et Alexis III.
Ce dernier détrône son frère et le fils d'Isaac fuit en Occident. Il
propose un marché aux Francs : si les croisés lui restituent son trône,
il leur versera une importante somme d'argent et mettra à leur
disposition d'importants contingents pour la lutte au Moyen-Orient. Les
chefs francs acceptent. Le 24 juin, l'armée franque débarque à
Constantinople et donne l'assaut : Alexis III s'enfuit et Isaac est
libéré. Son fils, qui lui succède, tient ses promesses envers les
croisés. Des émeutes antioccidentales éclatent. Quelques mois plus
tard, Alexis et son fils sont assassinés.
Le nouvel empereur, Alexis V se montre hostile vis-à-vis
des Occidentaux. De plus en plus isolés, les Francs décident de
reprendre Constantinople, seuls. Quelques mois plus tard, les croisés
se partagent l'empire Byzantin. Après plusieurs jours de pillage, la
ville leur appartient. Cette quatrième expédition permet la fondation
de nouveaux Etats croisés dont l'existence se révélera fragile et
précaire.
L. LA CINQUIEME CROISADE (1217-1221)
Innocent III appelle à une nouvelle expédition pour
récupérer la Terre sainte, mais meurt avant de voir son projet se
réaliser. En 1213, Jérusalem se trouve toujours sous la domination des
musulmans.
Les premiers seigneurs à partir pour cette croisade sont
Léopold VI d'Autriche et les rois André de Hongrie et Hugues de Chypre.
Les premiers contingents à prendre le départ pour Jérusalem sont issus
du Saint Empire germanique. En 1218, les croisés envahissent l'Egypte
et la ville de Damiette tombe entre leurs mains. Le sultan égyptien
al-Kamil (neveu de Saladin) propose un marché : si les croisés évacuent
l'Egypte, il est prêt à leur laisser tout le territoire de Jérusalem.
Les Francs ne s'entendent pas : le roi de Jérusalem, Jean de Brienne,
veut accepter tandis que Pélage d'Albano, le légat du pape, refuse de
négocier avec le sultan. Le temps passe et les Egyptiens bloquent les
approvisionnements venant de Damiette forçant les Francs à se rendre.
Le 30 août, ils abandonnent l'Egypte aux musulmans.
M. LES CROISADES DE SAINT LOUIS (1248-1254 et 1270)
La première croisade de Saint Louis prend son départ en
1248.
C'est une expédition préparée longuement. Les croisés sont bien équipés
et bien approvisionnés. Le recrutement des hommes commence quatre ans
auparavant. De nombreux seigneurs prennent la croix : les frères du roi
et les comtes Pierre de Vendôme et Jean de Montfort. De nombreux
vassaux se rallient à eux. Les préparatifs de cette nouvelle croisade
sont fort coûteux. Louis IX finance environ la moitié de l'expédition.
Les impôts et l'Eglise paient le reste.
Au total, une armée de 15 000 hommes est levée. Les hommes
proviennent de toutes les régions de France : Champagne, Bourgogne,
Bretagne, Poitou, mais aussi d'Italie et d'Angleterre. Louis arrive en
Egypte au mois de mai 1249. Les croisés prennent Damiette et marchent
vers le Caire. La mort du sultan al-Salih Ayoub abat le moral des
musulmans.
Confiants, les Francs continuent d'avancer. Ils s'arrêtent en face de
Mansoura où se trouvent les troupes égyptiennes mais ils ne parviennent
pas à traverser le cours d'eau. Quelqu'un leur révèle l'existence d'un
gué qui n'est pas surveillé en aval. Après l'avoir passé, le frère de
Louis IX donne l'ordre à son avant-garde de continuer. Il désobéit à
l'ordre d'attendre que lui avait donné son frère et mène ses troupes à
la destruction.C'est le tournant décisif de la croisade. Le nouveau
sultan égyptien, Turan Shah, donne du courage aux musulmans. Louis a
perdu trop d'hommes dans la bataille pour continuer à avancer. Le 6
avril, le roi, vaincu, doit se rendre. Libéré contre une forte rançon,
il s'embarque pour Acre au lieu de retourner en France. Il reste encore
quatre ans en Orient et fortifie des villes comme Césarée, Acre, et
Jaffa aux mains des Francs. En 1267, il reprend la croix, mais à peine
débarque-t-il à Tunis qu'une épidémie décime les Francs. Saint Louis
meurt le 25 juillet.
N. LA DERNIERE CROISADE
Durant le XIIIe siècle, les Occidentaux résistent
en Terre sainte face aux troupes de musulmans qui ne cessent de se
renforcer. L'échec des deux croisades de Saint Louis (1250 et 1270)
sonnent le glas des grandes expéditions organisées par les monarques et
les seigneurs européens. L'essor soudain de l'empire de Ghengis Khan
représente un danger pour les chrétiens et les musulmans. Seule une
alliance avec les Mongols (chrétiens en partie) aurait peut-être évité
la chute des chrétiens d'Orient.
Cet empire, fondé par Ghengis Khan, est composé de tribus
nomades et de solides cavaliers. Son petit-fils, Batu, déferle sur
l'Europe de l'Est et la Russie de 1236 à 1242. C'est à ce moment-là que
les Mongols se heurtent aux chrétiens. Le clergé allemand, puis
français proclament des croisades pour les anéantir. Les cavaliers aux
yeux bridés battent en retraite en 1242.
En 1248, un autre petit-fils de Ghengis Khan, Houlagou,
s'empare de Bagdad. Il y commet d'affreux massacres et détruit la
ville. Les Mongols tuent le dernier calife abbasside et mettent fin à
la dynastie ayyoubide de Saladin, en Syrie. Ils sont enfin arrêtés par
les mamelouks, en 1260. Cette victoire donne aux Mamelouks la maîtrise
de pratiquement tout l'ancien empire ayyoubide. Trois ans plus tard, le
sultan mamelouk Baybars Ier lance les premières attaques
contre les Etats latins d'Orient.
Les Francs d'Orient appellent l'Occident à leur secours,
mais l'aide parviendra trop tard. En 1291, le sultan mamelouk al-Ashraf
Khalil, envahit Acre et, après un terrible siège de plusieurs semaines,
s'empare de la ville et du reste des colonies latines.
O. L'ULTIME ESPOIR DES CROISES
Malgré la chute de la ville d'Acre et la reconquête des
Etats latins d'Orient par les musulmans, l'espoir de restaurer un
royaume chrétien en Palestine ne s'éteint pas. Pendant tout le XIIIe
siècle, des projets en ce sens verront le jour.
La plupart des auteurs des projets se réunissent à la cour
des rois et des papes de France : Guillaume de Nogaret, Guy de
Vigevano. Le roi les encouragent à mettre au point leurs plans. Ils
reçoivent de précieux conseils de missionnaires, de laïcs, de Templiers
et d'Hospitaliers qui connaissent bien l'Orient.
L'un de ces reconquérants ambitieux est un vénitien : Marino
Sanudo Torsello (1270-1343). Il projette de reconquérir l'Egypte et la
Palestine en évinçant les Mamelouks. Son rêve passe par la domination
politique et économique de la Méditerranée. Pour ce faire, il
préconise un embargo économique et des alliances politiques
judicieuses. La reconquête de l'Egypte se fera grâce à l'envoi d'un
petit groupe de professionnels par mer suivi d'une expédition massive
de croisés.
Tous ces projets ne tiennent pas compte de l'avancée des
Ottomans sans la seconde moitié du XIVe siècle. Les
Occidentaux sous-estiment la puissance de ces nouveaux envahisseurs.
Aucun de ces projets ne se concrétisera, mais cette idée de reconquête
de la Terre sainte hantera encore longtemps l'esprit des Occidentaux.
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