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"Je ne vois guère que l'abricot
comme fruit possible ramené
des croisades par les chrétiens."
J. LE GOFF
A.
Les conséquences des croisades
Certains historiens ont longtemps considéré les croisades
comme un événement incontestablement positif. Aujourd'hui encore,
d'aucuns clament que les expéditions en Terre sainte ont permis à la
conscience européenne de prendre forme et de s'affirmer.
S'il est indéniable que les croisades ont permis à des
chrétiens issus de plusieurs nations européennes de se côtoyer et de
défendre ensemble les valeurs du christianisme, n'est-il pas prématuré
(voire anachronique) de parler de "conscience européenne" dès cette
époque ? Selon Jacques Le Goff, qui a publié récemment une biographie
de Saint Louis, les croisades ne devraient pas susciter le moindre
enthousiasme. La prise de Jérusalem et le pillage de Byzance sont des
épisodes honteux de l'histoire. Les croisés qui se livrent au sac de la
ville se montrent loin de l'idéal chevaleresque ! Certains
historiens vont plus loin : ils voient dans les massacres des Juifs
d'Allemagne ou d'Europe centrale les premiers grands "pogroms"
de l'histoire. L'exaltation des prédicateurs pour la reconquête des
Lieux saints s'accompagne, la plupart du temps, de discours antisémites
qui attisent la haine des Occidentaux. Bien que l'Eglise n'encourage
pas ouvertement ces massacres, la haine entre les chrétiens et les juifs
s'amplifie.
Une
rupture existe entre la chrétienté d'Orient et d'Occident depuis 1054.
Deux Eglises rivales coexistent : l'Eglise catholique romaine et
l'Eglise orthodoxe. Lorsque l'empereur Alexis Ier Comnène
lance un appel au pape pour aider Byzance à chasser les Turcs
seldjoukides, Urbain II y voit l'occasion de réunir les deux mondes
chrétiens. Or, les expéditions successives qui passent par
Constantinople et surtout la prise de la ville en 1204 portent un coup
mortel à la chrétienté d'Orient. La population byzantine ressentira,
dès lors, une haine inextinguible et un mépris profond pour cet Occident
chrétien.
Le sort des chrétiens en terre
d'islam n'est guère enviable. Ils deviennent suspects aux yeux des
musulmans qui les accusent souvent de traîtrise. Les dhimmis,
souvent montrés du doigt en cas de crise, voient leurs droits se
détériorer surtout en Egypte et en Syrie.
Mais les croisades marquent encore plus profondément les mentalités des
musulmans. L'Occident du XIII rrrgggge
siècle vit un certain épanouissement tant économique que culturel.
Quatre domaines sont particulièrement créateurs : la morale, le récit,
l'histoire et la science. Les universités
prennent une importance considérable et la littérature est en pleine
expansion : littérature moralisante, chronique historique, ... Sur le
plan commercial, l'industrie textile se développe et les échanges entre
les différents pays d'Europe s'amplifient, notamment par l'intermédiaire
des foires de Lyon et de Champagne.
L'Orient, au contraire, sombre dans la décadence et l'obscurantisme.
La victoire de Saladin sur les Francs n'est qu'un triomphe apparent.
Après la mort du grand philosophe Averroès, en 1198, les Arabes entament
une longue période stérile qui annonce le déclin de la brillante
civilisation musulmane.
Le
monde musulman a connu son moment de gloire entre le VIIIe et
le XIIIe siècle. A cette période, l'Islam s'ouvre sur
d'autres civilisations. Il manifeste une forme de tolérance qui
n'existe pas en Occident vis-à-vis des autres religions. Plutôt que de
refuser la présence des non-musulmans, la législation islamique permet
aux juifs et aux chrétiens de vivre dans la société musulmane à
condition de payer la dîme. Ce statut, certes de ressortissants de
seconde zone, a toutefois permis aux non-musulmans d'exister à travers
les siècles.
A la suite des invasions franques, le monde arabe s'est replié sur
lui-même et tout s'est détérioré notamment sur le plan intellectuel,
scientifique et artistique. Tandis que l'évolution de l'Occident
s'amorce, l'Orient entame un long procédé de déclin.
B. Le syndrome des Croisades
ou le syndrome de Saladin
Les rapports entre l'Orient et l'Occident n'ont cessé de se dégrader
depuis l'époque des croisades. Ces expéditions en Terre sainte
constituent le premier grand choc entre la civilisation arabo-musulmane
et notre civilisation occidentale. Aujourd'hui, force est de constater
que les croisades marquent encore profondément l'esprit des musulmans.
Dans son ouvrage, Que veulent les Arabes ?, Fereydoun
Hoveyda analyse les conflits entre l'Occident et l'Orient d'une manière
très complète et extrêmement judicieuse. Il explique notamment le drame
provoqué au sein du monde arabe par la naissance de l'Etat d'Israël sur
la terre palestinienne. Il est important de comprendre ce que
représente cette terre sainte pour les musulmans. La Palestine fait
partie du Dar-al-Islam, la terre sacrée appartenant aux musulmans (la
Demeure de l'Islam). En 1948, cette partie de terre sacrée est occupée
par un Etat "infidèle" : Israël. Evidemment, ces conceptions d'ordre
religieuses sont loin de préoccuper les pays occidentaux. Ainsi, les
Arabes ont ressenti doublement "l'invasion" des infidèles en terre
d'Islam : la première fois au XIIe siècle et la deuxième fois
en 1948 ! Depuis lors, ils attendent un nouveau Saladin qui chassera
les "infidèles" et restituera cette terre sacrée aux musulmans. Les
conflits qui déchirent le Moyen-Orient actuel sont profondément liés à
cette période lointaine de l'histoire. Tant que les pays de cette région
ressentiront douloureusement la
présence
d'Israël et vivront "affectivement encore à l'heure du XIIe
siècle",
nul espoir de voir la paix gagner ne sera permis.
Ainsi, comment ne pas être frappé par le discours politique de certains
hommes d'Etats musulmans (Saddam Hussein, Hafez al-Asad) appelant à la
guerre sainte en faisant référence à Saladin?
Il est surprenant de constater que le monde arabe ne parvient pas à
considérer les croisades comme un lointain épisode de l'histoire.
L'Orient voit toujours un ennemi naturel en l'Occident. Les récents
attentats commis à Paris par de dangereux fanatiques n'ont-ils pas été
accompagnés par un communiqué rapportant qu'une bombe avait secoué la
capitale française des croisés, Paris ? En 1981, le Turc Mehemet Ali
Agça tente d'assassiner le pape et explique plus tard, dans une lettre :
J'ai décidé de tuer Jean-Paul II, commandant suprême des croisés. Le
regard que l'Orient pose aujourd'hui sur l'Occident ressemble parfois à
ce regard empreint de stupeur qu'il posa sur les "Franj". A la fois
fasciné et effrayé, le monde musulman ne peut empêcher l'émergence d'un
sentiment de persécution. Ces sentiments confus prennent la forme d'une
obsession chez de dangereux fanatiques. Selon l'écrivain libanais Amin
Maalouf, les croisades, sept siècles plus tard, "sont ressenties par le
monde arabe comme un viol."
C.
Moyen-Orient : l'impasse ?
Aujourd'hui, face aux images et aux nouvelles tragiques qui nous
parviennent du Moyen-Orient, véritable poudrière prête à exploser à tout
moment, des interrogations se posent à nous : les peuples de cette
région pourront-ils, un jour, se pardonner et se supporter ? Pourquoi
les trois courants monothéistes (judaïsme, christianisme et islamisme)
ne parviennent-ils pas à se tolérer ?
Depuis très longtemps, les relations entre la Chrétienté et l'Islam
sont entachées de violences. L'Islam a détruit l'Empire Chrétien
d'Orient. A leur tour, les chrétiens ont envahi la terre des musulmans
durant les croisades du Moyen-Age.
Actuellement,
il est évident que ces luttes passées compromettent et "gèlent" le
dialogue entre l'Orient et l'Occident. Ce dernier apparaît souvent
comme le responsable de tous les maux de l'Orient.
Pour
comprendre l'impact de la rupture entre la chrétienté et le monde
musulman, il est nécessaire de remonter aux sources, c'est-à-dire aux
textes fondateurs qui aujourd'hui influent sur des modes d'être et de
pensées. Véritables supports identitaires, ces textes sacrés
structurent les mentalités actuelles.
Si un musulman et un judéo-chrétien s'installent face à face et qu'ils
réfléchissent sur leur religion, ils se rendront vite compte qu'ils sont
à la fois très proches et très éloignés.
En effet, les trois religions du "Livre" croient à un Dieu unique qui
ressuscitera les bons croyants. Judaïsme, christianisme et islamisme
sont les rameaux d'un même arbre qui s'enracine dans le texte sacré
biblique. Néanmoins, que de conflits certaines différences, certaines
nuances dans l'interprétation des textes ont-elles engendrées !
Dans le cas d'Israël, le problème est épineux. Selon les textes
sacrés, elle appartient autant aux Juifs qu'aux musulmans. D'après la
Bible, Yahvé a promis cette terre aux Hébreux. Les musulmans la
réclament parce qu'ils l'ont conquise lors du djihad ordonné par Allah.
Le conflit qui règne entre ces deux parties ne trouvera donc jamais de
solution ? Non. A moins que Arabes et Israéliens cessent de
s'accrocher désespérément à leurs textes sacrés et qu'ils choisissent de
regarder vers l'avenir.
IV. MOYEN-ORIENT: berceau des trois religions monathéistees de l'humanité
"Il n'y a
qu'un Dieu puisqu'il n'y a qu'un ciel.
Ce sont
les nuages qui dessinent les religions
et font
les orages."
J. D'ANSELME
La diversité, souvent source de richesse et de connaissance,
prend au Moyen-Orient un goût amer de larmes et de souffrances. Tour à
tour, musulmans, juifs et chrétiens combattront sur ces terres et
revendiqueront leur possession. Quels sont les liens entretenus par
ces religions et ces hommes ? Et quels obscurs abîmes les séparent
irrémédiablement ?
A. LE JUDAISME
Le Moyen-Orient a vu naître des civilisations parmi les plus
riches de l'Antiquité : Akkad, Summer, ... En Mésopotamie, on adore
plusieurs dieux : Sin (dieu de la Lune), Enlil (dieu de la Terre),
Mardouk (dieu régnant sur Babylone), ... Le peuple conserve des petites
statuettes des dieux et fait des offrandes. Dans l'actuelle Palestine
(le pays de Canaan), deux dieux s'opposent : Baal et El.
Plus tard, on retrouvera des traces de ces croyances dans la Bible,
notamment avec le déluge relaté dans l'Epopée de Gilmagesh. Le
rédacteur des certains textes bibliques connaissait probablement la
version mésopotamienne de ce mythe. Les mythes du déluge sont
extrêmement répandus.
C'est
entre 1900-1300 av. J.-C. que se situe l'ère biblique des patriarches.
Pendant plus de 1000 ans, les Hébreux forment des tribus de nomades et
leurs pérégrinations les mènent dans la plupart des pays du
Moyen-Orient. D'après la Bible, Abraham, le patriarche des Israélites
et sa tribu quittent la ville d'Ur (sud de l'actuel Irak) et viennent
s'établir en terre de Canaan. Abraham aurait répondu à l'appel de Dieu.
En récompense, Yahvé (l'Eternel) lui promet une patrie pour lui et les
siens : Israël. Première religion monothéiste, le judaïsme s'oppose à
l'adoration de plusieurs dieux. Les descendants d'Abraham s'installent
en Egypte et ils y sont réduits en esclavage jusqu'en 1225 av. J.-C.
L'Exode nous révèle que Moïse (nom d'origine égyptienne) est un
Israélite élevé à la cour du pharaon. Il n'a jamais oublié son peuple
et souffre de le voir réduit à l'esclavage. Il les aide à fuir et sur
le chemin du retour vers Canaan les Hébreux reçoivent les lois qui sont
à la base du judaïsme. Moïse ne verra jamais la terre promise, car il
meurt avant d'y parvenir. Josué mènera le peuple élu à
destination.Quels sont les fondements de la première religion
monothéiste ? Tout d'abord, la croyance en l'existence d'un Dieu
unique, le Tout Puissant. On ne peut pas le représenter et les offrandes
ne suffisent plus. Le croyant doit respecter les commandements que Dieu
transmet par l'intermédiaire de Moïse. Grâce au prophète, Yahvé scelle
l'Alliance avec le peuple d'Israël. Lors du jugement dernier, Dieu
récompensera les bons et punira les mauvais. L'ancien Testament est
rédigé essentiellement en hébreu avec quelques passages en araméen.
La rédaction des textes s'échelonne entre le Xe siècle et le
IIe siècle av. J.-C. Le livre sacré (Torah) comprend le
Pentateuque (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome), les
Prophètes et d'autres textes. Il semblerait que le Pentateuque ait été
rédigé à partir de sources différentes ce qui implique une diversité
dans la définition de Dieu même et de la création. La première bible
(le "Livre") en version grecque, la Bible des Septante, est achevée au
IIe siècle av. J.-C.
B. LE CHRISTIANISME
Le christianisme apparaît avec la naissance de Jésus de
Nazareth. Le Nouveau Testament comprend les Evangiles des Apôtres, les
Actes des Apôtres, les Epîtres des Apôtres et l'Apocalypse. Les
Evangiles ont été rédigés au premier siècle. Peu d'historiens
contestent l'existence de Jésus le nazaréen. Dieu l'a envoyé sur terre
pour sauver les hommes, il est le Fils de Dieu, le Messie. Le
christianisme se démarque du judaïsme sans toutefois réellement s'y
opposer ou s'en détacher.
"Ne pensez pas que je sois venu pour détruire la loi de Moïse et
l'enseignement des prophètes. Je ne suis pas venu pour les
détruire mais pour leur donner leur véritable sens."
Matthieu,
5, 17-18.
L'amour du prochain, le pardon, l'humilité et le
renoncement aux biens de ce monde sont les préceptes du christianisme.
Lors de la mort de Jésus, ses disciples se réunissent et décident de
répandre le message qu'il leur avait enseigné. Certains d'entre eux
sont persécutés, mais missionnaires infatigables, ils parcourent le
bassin méditerranéen et l'Asie Mineure.
Les rapports du judaïsme et du christianisme sont
relativement complexes. Les premiers disciples de Jésus continuent à
professer le christianisme comme une sorte de prolongement du judaïsme.
Ils demandent aux fidèles de respecter la Torah.
Vers 48, Paul un juif anti-chrétien se convertit et fonde des
communautés qui se détachent de la loi hébraïque. Il déclare : "Le
salut n'est pas dans la loi de Moïse, mais dans Jésus ressuscité".
Pourchassé, il meurt à Rome, en 60. Plus tard, Marcion de Sinope,
hérésiarque du IIe siècle, ira jusqu'à affirmer que le Dieu
de l'Ancien Testament n'est pas le même que celui du Nouveau Testament.
Dès le IVe siècle, les chrétiens se querellent au sujet de
la nature divine du Christ. Arius, prêtre d'Alexandrie, nie la divinité
du Christ. Les disciples de Nestorius, quant à eux, prétendent qu'il
existe deux personnes et deux natures différentes, l'une humaine,
l'autre d'essence divine sans réunion entre les deux. Enfin, les
jacobites (leur fondateur est Jacques Baradée) croient en la divinité du
Christ.
Les premiers conciles tentent d'apporter une réponses à
toutes ses questions. En 451, le concile de Chalcédoine rejette le
monophysisme et proclame que le Christ est une seule personne en deux
natures. Les Eglises arméniennes, coptes, nestoriennes, jacobites et
syro-orthodoxes sont monophysites.
Ces dissensions concernent essentiellement les Eglises du
Moyen-Orient. En 1054, le schisme d'Orient sépare l'Eglise catholique
de Rome et l'Eglise orthodoxe. Les différends qui opposent les chrétiens
d'Orient ont dessiné une mosaïque de rites divers.
Ces chrétiens nous rappellent que le christianisme n'est pas né à Rome
et comme le déclarait récemment Amin Maalouf, "l'apôtre Pierre n'est pas
né sur les bords du Tibre ou de la Seine, c'est un garçon de chez
nous." Ces querelles et ces différentes séparations formeront
l'ensemble des communautés religieuses chrétiennes au Moyen-Orient.
Cette diversité pose parfois quelques problèmes. Ainsi, il est possible
de trouver des Arabes chrétiens et des Arabes musulmans. On rencontre
aussi des Arabes chrétiens en Israël ! Il faut donc se garder de
calquer automatiquement un peuple à une religion ou une race à une
religion. L'Histoire nous a maintes fois montré que l'homme entretenait
des rapports complexes avec la religion qui dépassaient souvent la
notion de frontière !
C. L'ISLAM
A la fin du VIe siècle, l'Arabie est un désert
habité par des tribus nomades. L'endroit constitue une lieu de passage
privilégié pour les échanges commerciaux provenant de la Chine ou de
l'Inde. Quelques grandes familles y règnent et financent des caravanes
qui partent dans d'autres pays pour tisser des liens commerciaux. Les
habitants sont polythéistes et de nombreux pèlerins viennent adorer les
idoles de la Ka'aba, célèbre pierre noire située au centre de la Mecque.
Mahomet voit le jour à la Mecque, en 570. Orphelin très jeune, il est
élevé par ses oncles. Il devient caravanier et effectue plusieurs
voyages en Palestine, en Irak et en Syrie. Il entre au service d'une
veuve, Khadija, de quinze ans son aînée et il l'épouse. Vers l'âge de
quarante ans, il reçoit ses premières révélations par l'ange Gabriel.
Il est convaincu qu'il doit annoncer aux Arabes la vraie religion.
Pourchassé par les riches marchands de la Mecque, il se réfugie dans une
ville située à 400 kilomètres au nord, Yathrib (qui deviendra Médine,
plus tard). L'année de son départ marque le début de l'ère musulmane en
622 (l'hégire). Lorsqu'il meurt dix ans plus tard, l'islam commence à
se répandre dans toute l'Arabie.
La religion musulmane repose sur cinq piliers : la croyance en un Dieu
unique (Allah) et en son prophète, la prière, le jeune du Ramadan,
l'aumône et le pèlerinage à la Mecque. Ces doctrines sont exposées dans
le Coran. En plus d'être une religion, l'islam (soumission) est une
doctrine politique et sociale. Le Coran se présente comme un livre saint
au même titre que la Bible. Les sourates ont été dictées par les
révélations de l'ange Gabriel. Ce même ange que l'on retrouve à
plusieurs reprises dans le Nouveau Testament. Mahomet est le dernier
des prophètes qui s'inscrit dans la lignée des prophètes juifs et de
Jésus. Religion monothéiste, l'islam repose sur la croyance d'un Dieu
unique, créateur de l'Univers. Bon et juste, il récompensera les
vertueux et punira les mauvais lors du Jugement.
Néanmoins, il existe des différences fondamentales entre la religion
musulmane et le judéo-christianisme. L'une d'elle réside dans la
personnalité même du Prophète. Mahomet est un chef de guerre qui
ordonne à ses disciples de convertir le monde. Habile stratège
politique, il laissera à ses descendants la volonté de conquérir le
monde. On peut se demander dès lors si l'islam ne s'inscrit pas plutôt
dans une réforme socio-politique. En effet, il fixe des lois qui
organisent la justice et les rapports entre les hommes.
On compte près d'un milliard de musulmans dans le monde,
aujourd'hui. Il est important de souligner que musulman ne signifie pas
arabe. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les Arabes ne
représentent qu'un sixième des musulmans répartis dans le monde. Mais,
c'est le monde arabe qui proportionnellement à la totalité de sa
population enregistre le pourcentage le plus élevé de musulmans.
Le Moyen-Orient est en majorité arabe à l'exception
d'Israël. Mais l'ensemble des régions du Nord sont habitées par des
populations non-arabes musulmanes : les Persans, les Turcs, les Kurdes
et les Azeris.
La branche sunnite de l'islam est dominante dans ces régions. On trouve
des minorités chiites en Iran, au Koweït, en Irak, au Yémen et au sud du
Liban. Cette diversité qui peut être vécue en harmonie est
malheureusement gravement compromise par un mal qui ronge notre début
de XXIe siècle : la montée des fondamentalismes.
En conclusion de mon travail, je dirai que mes différentes recherches et
mes diverses lectures m'ont permis de poser un regard différents sur de
nombreux événements de l'actualité. En me plongeant dans l'histoire,
j'ai pu comprendre l'impact réel du passé dans notre présent. Le rôle
des croisades dans la brisure qui existe aujourd'hui entre l'Orient et
l'Occident est bien réel. Après les croisades, la civilisation arabe se
replie sur elle-même, alors que le monde occidental devient peu à peu le
centre de la civilisation dominante. Il est loin le temps où les
penseurs et les scientifiques arabes représentaient les références du
monde intellectuel !
Hier et aujourd'hui, l'Occident apparaît comme la civilisation
dominante, moderne qui impose au monde arabe un modèle, une marche à
suivre. Les Arabes hésitent entre le désir de progrès, de modernité et
l'immobilisme qui tient ses racines dans cette lointaine époque des
croisades. Faut-il suivre l'Occident et risquer de perdre son identité
ou ne pas bouger et se fermer à toute modernité ?
Ce dilemme ne trouvera-t-il donc jamais d'issue ? La
cassure est-elle irrémédiable ? Les drames récents survenus au
Moyen-Orient ou en Algérie ne laissent pas beaucoup de place à
l'optimisme. Néanmoins, en tant que future enseignante, j'ose poser un
autre regard sur les événements.
Je pense que chaque professeur doit s'investir et
s'impliquer pour que le fossé qui existe entre les personnes de
différentes cultures soit peu à peu comblé. L'une des pistes à
exploiter est, à mon sens, la découverte des différentes pratiques
religieuses et des textes fondateurs. On connaît le rôle prépondérant
de l'Islam dans la culture des Arabes. Il me semble dès lors important
d'essayer de comprendre les fondements de la religion islamique pour
briser le mur d'incompréhension qui entraîne souvent des attitudes de
rejet et de racisme. Il va sans dire que cet effort doit être soutenu
par chaque partie !
Je terminerai en disant que ce travail a confirmé l'envie
que j'ai d'enseigner l'Histoire d'hier dans l'espoir que demain puisse
s'établir un pont qui reliera deux mondes différents mais pas si
lointains ...
Soulèvements violents qui mènent souvent aux massacres de
communautés juives.
Juifs et chrétiens qui devaient payer un impôt en terre d'islam.
Universités de Paris, d'Orléans, de Montpellier.
Titre d'un chapitre du livre de Fereydoun HOVEYDA, Que veulent les
Arabes ?, Paris, First, 1991.
Dans l'ouvrage de Fereydoun HOVEYDA, op. cit.
Langue sémitique ancienne répandue en Palestine, en Syrie et en
Egypte. Langue du Christ.
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